Parution de notre Pièce détachée n°97 : « STMicroelectronics, les incendiaires et les voleurs d’eau »

Nécrotechnologies.

par Pièces et main d’œuvre.

En juillet 2022, en pleine sécheresse, nous publions une enquête sur le pillage de l’eau par STMicroelectronics, et sur la visite au même moment du président Macron venu annoncer une nouvelle pluie de milliards (5 Mds €) sur l’entreprise, ainsi qu’une nouvelle extension de celle-ci. Cette enquête est beaucoup lue et relayée depuis.
Clairement, le lien que nous avions pointé depuis une vingtaine d’années entre l’assèchement de la cuvette et l’expansion de l’industrie électronique est enfin devenu visible pour nombre de gens qui ne voulaient surtout pas passer pour « obscurantistes » ni « technophobes ».
Aussi, afin d’abreuver cette conscience nouvelle des méfaits écocidaires du numérique, avons-nous recueilli en Pièce détachée (n°97) la plupart des textes que nous avons consacrés à STMicro depuis 2005 (sommaire et commande ci-dessous). Mais d’abord un résumé pour les oublieux et les nouveaux-venus.

Ce mois de février 2023 est le plus sec depuis 1959 et l’Isère est déjà en alerte. Nulle fonte de neige ne recharge les nappes phréatiques des massifs. Mais STMicreau se vante moins de cette « innovation de rupture » qu’est la canicule hivernale, que de son trophée de « leader de l’économie 2022 ». Trophée que décerne la Chambre de commerce et d’industrie de Grenopolis à cette fabrique de puces électroniques installée, parmi d’autres sites de production, sur le « Polygone scientifique » et à Crolles, dans la vallée du Grésivaudan.
Une distinction méritée : croissance de 25 % en 2021, doublement des capacités de production en 300 mm (taille des wafers, les plaques de semi-conducteurs) d’ici 2025, investissement d’un milliard d’euros sur le site crollois en 2022, objectif de doublement du chiffre d’affaires entre 2020 et 2025-2027, etc (cf. Présences, déc. 2022-janv. 2023, n°324).

Satisfaction de Sébastien Dauvé, directeur du CEA-Léti : avec ST, Soitec et les start-ups locales, « la région grenobloise devient une « mégafab », c’est-à-dire un lieu où l’on produit plus d’un million de wafers (…) par an. Grenoble joue dans la cour des grands. » (Ouest-France, 22/12/22)

Si vous l’ignoriez, le CEA-Léti a créé voici 50 ans de cela, en 1972, ce qu’on n’appelait pas encore une start-up : EFCIS (Etudes et Fabrication des Circuits Intégrés), renommée STMicroelectronics en 1987 après fusion avec l’Italien SGS. Laquelle est aujourd’hui le premier employeur de l’Isère (4700 salariés) et s’apprête à ouvrir sa propre école pour former les 1000 techniciens dont elle aura besoin d’ici quatre ans.
Pour produire les semi-conducteurs des smartphones, des voitures électronucléaires, des « assistants numériques à intelligence artificielle » – bref les objets et les corps connectés des Smartiens, STMicreau exploite deux ressources locales à forte valeur ajoutée : la matière grise des ingénieurs du CEA et l’eau pure des montagnes, stockée dans les nappes phréatiques de la vallée. On ne devient pas une « mégafab » sans piller des millions de mètres cubes d’eau. Combien de mètres cubes exigera encore le doublement du chiffre d’affaires de STMicroelectronics ?

« En ce qui concerne STMicroelectronics la seule politique environnementale qui vaille, c’est la fermeture », disions-nous en 2005. Ceux qui se demandent comment nous en sommes arrivés à un tel désastre trouveront quelques réponses dans notre Pièce détachée n°97.

Sommaire :
• STNécro à la pointe de la lutte contre l’environnement (2005)
• STMicro s’assoit sur la cuvette (2005)
• Pour en finir avec Crolles 2 (2007)
• Pingouin en salle blanche, c’est un sale boulot (2008)
• Des moutons ou des puces ? De l’élevage ovin à l’ère technologique : un peu d’économie réelle (2013)
• Le cycle du silicium. Des carrières aux dépotoirs en passant par nos smartphones (2021)
• STMicroelectronics, les incendiaires et les voleurs d’eau (2022)
• Pingouin chez STMicroelectronics, c’est toujours un sale boulot (2022)

Pour commander la Pièce détachée n°97, envoyer un chèque de 6 € à l’ordre de Service compris :
Service compris
BP 27
38172 Seyssinet-Pariset cedex

Catalogue des Pièces détachées disponible ici .

Parution : « De la technocratie (la classe puissante à l’ère technologique) »

Documents

par Pièces et main d’œuvre.

Nous publions ce 23 janvier 2023 un livre de Marius Blouin intitulé De la technocratie (la classe puissante à l’ère technologique). Editions Service compris, 500p., 25€.

Jamais la classe technocratique, ses représentants et ses partis, de la gauche à la droite, n’avaient été si dénoncés qu’aujourd’hui. Jamais, non plus, n’avaient-ils parus si visiblement comme les agents et dirigeants, despotiques et destructeurs, de la Machinerie générale ; acharnés au remplacement des vivants dans un monde vivant par des machins dans un monde-machine.
Nous devons donc – nous, simples humains – connaître notre ennemi comme nous-mêmes, afin de le combattre, à défaut de le vaincre. C’est à quoi ce livre entend contribuer.

Divers noms ont été mis à l’essai depuis 200 ans pour désigner la classe puissante à l’ère technologique ; bureaucratie, intelligentsia, « capitalistes du savoir », spécialistes, experts, directeurs, managers, organisateurs, « bourgeois salariés », « petits-bourgeois intellectuels », ITC (ingénieurs, techniciens, cadres), « technostructure », « couches » ou « classes moyennes », etc.
Celui de « Technocratie », forgé en 1919 par William Henry Smyth, s’est imposé comme le seul juste. Les textes ici réunis balisent la formation et l’ascension de cette classe, longtemps masquée par le duel entre prolétariat industriel et finance capitaliste.
A l’échelle historique, la rationalité de la puissance l’emporte sur toute autre. Loin de se réduire à une caste de ronds-de-cuir au service de l’Etat et du Capital, acharnés à réglementer la fabrication de nos fromages, la technocratie se définit comme la classe de la puissance et de la volonté de puissance, afin d’agir sur le monde matériel ; et d’accroître sans cesse cette puissance en mobilisant les moyens propres à l’ère technologique.

Marius Blouin publie ses enquêtes depuis l’an 2000 à l’enseigne de Pièces et main d’œuvre. Non pas en spécialiste de la technologie, mais en généraliste de la politique, à l’époque où la technologie est devenue la poursuite de la politique par d’autres moyens.


On peut commander le livre en librairie :

De la technocratie (la classe puissante à l’ère technologique)
Marius Blouin
Editions Service compris
500 pages, 25 €
ISBN 9791094229941

Ou directement chez l’éditeur : 25 € + 2€50 de frais de port par exemplaire, en envoyant un chèque à l’ordre de Service compris :
Service compris
BP 27
38 172 Seyssinet-Pariset cedex

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Notre Bibliothèque Verte

par Renaud Garcia.

Bien des lecteurs depuis des mois (et deux ou trois éditeurs) nous ont suggéré la publication en volumes des notices de Notre Bibliothèque Verte ; de façon pressante, parfois. Mais on les comprend. Nous aussi, nous avons trouvé un vif intérêt à découvrir ou redécouvrir ces groupes et personnages ayant contribué par leurs vies et leurs œuvres, à la défense et à l’illustration d’une humanité libre dans une nature vive. Bref, on y a trouvé du plaisir, et ce plaisir passionné semble s’être communiqué aux lecteurs.

On trouvera ci-dessous, la présentation des volumes 1 et 2 ; la liste des 40 notices déjà traitées ; et la manière de commander ces deux premiers volumes. Ensemble, ou séparément.

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Notre Bibliothèque Verte

Ce que l’on désigne du mot d’écologie, forgé au XIXe siècle par Ernst Haeckel, est à la fois notre façon native d’être au monde, un sentiment et une pensée, illustrés depuis Hésiode et Epicure par une infinie chaîne d’auteurs et d’artistes ; et la seule idée neuve apparue en politique depuis plus d’un demi-siècle – en France, grâce à Pierre Fournier et Alexandre Grothendieck parmi tant d’autres.

Cette défense indissociable de la nature et de la liberté est le bien commun de tous ceux qu’anime l’instinct de vie ; écologistes radicaux, anti-industriels et anti-autoritaires, luddites, « décroissants », primitivistes, naturiens, etc.

Pour renverser l’actuel déferlement de biophobie chez les hommes-machines, il nous faut d’abord restaurer notre histoire, notre culture, notre corpus théorique, littéraire et artistique : les vies et les œuvres de tous les vieux amis de la Terre. Et l’on verra alors que nous disposons d’un héritage d’une richesse et d’une ancienneté merveilleuses au regard des misérables courants industrialistes et saint-simoniens.

Renaud Garcia, notre bibliothécaire, est professeur de philosophie en lycée et l’auteur de trois ouvrages parus aux éditions L’Echappée : Le désert de la critique, Le sens des limites, et La collapsologie ou l’écologie mutilée.

Volume 1
Avant-propos
Epicure et Kaczinski
Jacques Tati et Jaime Semprun
Kropotkine et Zamiatine
Ray Bradbury et son Feu de joie
Léon Tolstoï et les Naturiens
Simone Weil et Georges Bernanos
Elisée Reclus et les Impressionistes
Jean Brun et Ivan Illich
Murray Bookchin et Edward Abbey
Samuel Butler et John Bruner
Gustav Landauer et D.H. Lawrence
Patrick Geddes et Lewis Mumford
Hésiode et Cornélius Castoriadis

Volume 2
George Orwell et Terry Gilliam
Pierre Fournier et Gébé
Karel Capek et A. de Saint Exupéry
Günther Anders et Hannah Arendt
Walt Whitman et les Amérindiens
Alexandre Grothendieck & Survivre et vivre
Maurice Genevoix et René Barjavel
François d’Assise et les poètes de la reverdie
(A suivre…)

On peut commander les deux volumes de Notre Bibliothèque Verte chez son libraire :

Vol. 1 : 348 pages, 20 €
14 x 20 cm
ISBN 9791094229965

&

Vol.2 : 356 pages, 20 €
14 x 20 cm
ISBN 9791094229958

Ou directement en envoyant un chèque de 20 € +2,50 de frais de port (22,50 €) pour un volume, ou 40 + 2,50 de frais de port (42,50 €) pour deux volumes, à l’ordre de Service compris :

Service compris
BP.27
38172 Seyssinet-Pariset cedex

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Volume 1
Volume 2

Le règne machinal (la crise sanitaire et au-delà)

Par Pièces et main d’œuvre

Tous nos augures s’accordent ; nous aurions changé d’époque lors de l’année du Virus. Entre la fin de 2019 et le début de 2021, suivant le calendrier occidental (et chrétien). Qu’ils soient philosophes, sociologues, économistes, journalistes, experts et technocrates de tous rangs ; qu’ils prétendent au souci du vivant dont nous sommes et de nos rapports avec ce vivant en voie d’extermination ; ou que dans leur volonté de toute-puissance, ils poursuivent l’accroissement de ses moyens (scientifiques, technologiques, économiques, militaires) – c’est-à-dire la poursuite de la guerre au vivant par d’autres moyens – tous ne parlent, dans leurs rapports et analyses que d’accélération, d’innovation, de basculement, voire de mutation, un mot que nous avons-nous-mêmes mis en circulation. La question se pose dès lors de savoir ce qui a muté à l’occasion de cette « crise sanitaire », et pour devenir quoi.

Voici quinze mois que nous enquêtons là-dessus comme nous l’avons fait depuis deux décennies sur d’autres symptômes et « maladies de civilisation », produits fatals de la société industrielle et de l’organisation scientifique du monde. Ce que nous avons vu à l’œuvre à cette occasion, face à la « machinerie générale » (Marx), c’est l’enquête générale. Jamais nous n’avions eu autant d’échanges, directs et indirects, ni un tel sentiment de camaraderie avec d’autres enquêteurs, en France et ailleurs, scientifiques ou sauvages, fouillant un même objet avec minutie et pugnacité. Notre enquête perpétuelle a profité de ces apports autant que de nos propres efforts. La voici pour contribuer à l’intelligence de ce qui vient et de ce que nous vivons depuis l’hiver 2019.

Les animaux politiques qui écrivent à l’enseigne de Pièces et main d’œuvre depuis 2000 ont publié nombre de livres sur l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine, parmi lesquels Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (Service compris, 2017) et Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine (2020).

Parution 8 septembre 2021

14 x 20 cm ; 252 p.

ISBN 9791094229972

19 €

Commande particuliers et bibliothèques :

Pour commander le livre, envoyer un chèque de 21,50 € (19 € + 2,50 € de frais de port),

à l’ordre de Service compris avec vos coordonnées à :

Service compris – BP. 27- 38 172 Seyssinet-Pariset cedex

Libraires :

Contactez-nous à : service.compris38 (at)free.fr

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Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine

Par Pièces et main d’œuvre

L’année 2021 verra l’approbation légale par le parlement français, d’un coup de force élargissant à toutes les femmes, fertiles ou stériles, l’accès à la fécondation in labo, prise en charge par une équipe médicale et la sécurité sociale (en attendant les couples d’hommes et les hommes seuls). La même loi autorisera la création d’embryons transgéniques, chimériques, et de gamètes artificiels.
Après avoir ouvert la voie, depuis 1978, à la reproduction artificielle de l’humain, le progrès scientifique l’ouvre aujourd’hui à l’amélioration du produit et à l’EGM, l’enfant génétiquement modifié, grâce au tri, aux manipulations et à l’édition génétiques.
Derrière les bons sentiments, les chantages à « l’égalité » et le « droit au désir d’enfant », c’est l’eugénisme qui poursuit depuis plus d’un siècle ses projets de « race supérieure », d’élimination de toute reproduction naturelle et sexuée, afin d’imposer l’expertise des biocrates et le darwinisme technologique.

Les êtres vivants ne sont pas des machines. On ne les fabrique pas, ils naissent. Ils ne fonctionnent pas, ils vivent.
On ne peut être « écologiste », défenseur du vivant libre, sans être anti-industriel.
On ne peut être anti-industriel sans combattre toute artificialisation de la production infantile.
Ceux qui parlent de radicalité et de défense du vivant sans se référer explicitement à la nature, sans comprendre ce qu’il peut y avoir de subversif dans la naissance et le refus de l’enfant-machine, ceux-là ont un avorton dans la bouche.

Les animaux politiques qui écrivent à l’enseigne de Pièces et main d’œuvre depuis l’automne 2000, ont déjà publié nombre de livres sur l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine, notamment le Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumanisme (Service compris, 2017).

Parution : 8 décembre 2020

14 x 20 cm ; 152 pages

ISBN : 979-10-94229-98-9

12 €

Commande particuliers et bibliothèques :

Pour commander le livre, envoyer un chèque de 14,50 € (12 € + 2,50 € de frais de port), à l’ordre de Service compris avec vos coordonnées à :

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Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme

Par Pièces et main d’œuvre

Frères humains, sœurs humaines, vous avez entendu parler du transhumanisme et des transhumanistes ; d’une mystérieuse menace, groupe fanatique, société de savants et d’industriels dont l’activisme impérieux et l’objectif affiché consistent à liquider l’espèce humaine pour lui substituer l’espèce supérieure, « augmentée », des hommes-machines. Une espèce résultant de l’automachination par ingénierie génétique et hybridation électro-mécanique.

Vous avez entendu l’ultimatum cynique et provocant de ce chercheur en cybernétique : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles au pré. » Et encore, « ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. »

Nous sommes les chimpanzés du futur et nous vous appelons à la résistance contre ce néo-nazisme surgi des laboratoires.

Les animaux politiques qui écrivent à l’enseigne de Pièces et Main d’œuvre combattent le transhumanisme depuis une quinzaine d’années. Ils ont déjà publié nombre de livres sur des sujets voisins, Terreur et Possession, Aujourd’hui le Nanomonde, L’Industrie de la contrainte, etc.

 

Parution : 14 septembre 2017 couv

14 x 20 cm ; 348 pages

ISBN : 979-10-94229-99-6

20 €

 

Commande particuliers et bibliothèques :

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Libraires :

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Histoire d’un livre

En octobre 2016, nous croisons un ami universitaire, de passage à Grenoble, avec qui nous avons au fil des années des échanges cordiaux quoique sporadiques. Déjeuner. Au dessert, nous lui proposons d’écrire, si cela lui dit, un papier sur le site de Pièces et main d’œuvre. Dérobade enjouée de l’ami. « – Ouhlala, non, j’ai pas autant de c… (NdA, de coquilles peut-être ?) que vous, moi !… Je ne peux pas dire ce que vous dîtes ! C’est mieux que je vous cite en revue ou dans des séminaires… Si je vous disais ! J’ai même entendu une épistémologue célèbre dire en réunion, « Ça, il faut reconnaître… sans Pièces et main d’œuvre, on n’aurait pas tant parlé des nanotechnologies. » Mais pourquoi vous ne faîtes pas un livre sur le transhumanisme ? Vous en parlez depuis des années !… Je suis sûr que ça intéresserait Christophe Bonneuil. C’est lui qui dirige la collection Anthropocène au Seuil… etc. »

Sceptiques, réticents, mais pas bêcheurs, nous écrivons à l’éditeur pour lui demander confirmation de son intérêt. Certes, il a réédité, environ 90 ans plus tard, un recueil d’Ellul & Charbonneau (Nous sommes des révolutionnaires malgré nous, 2014), mais on sait qu’il est plus facile à un notaire de publier les testaments des radicaux morts ou lointains (américains par exemple) que les critiques sur le vif de leurs successeurs.
L’éditeur nous confirme son intérêt, nous confie son estime pour notre réflexion, et sa dette de pensée pour l’avoir « radicalisé et consolidé », se réjouit de nous rencontrer, se déclare « honoré » que nous l’ayons contacté, bref, l’habituel frou-frou entre auteurs et éditeurs potentiels.
La seule chose qui nous importe, c’est sa garantie réitérée de notre liberté d’expression. D’éventuelles suggestions, soit, mais nous, PMO, conservons le dernier mot sur nos écrits.
À vrai dire, nous n’avons jamais envisagé autre chose – qu’un éditeur, par exemple, puisse s’imaginer avoir notre signature au bas d’un autre discours que le nôtre.

On s’engage et on voit. Nous œuvrons d’arrache-pied pendant huit mois, en sus de nos activités, déplacements et publications. Nous recevons de vifs éloges et répétés de l’éditeur (« Super !… Excellent ! ») pour les divers états de l’ouvrage en cours. Nous sommes en train de faire « un livre de référence », nous allons être publiés en « Point Seuil », etc. Nous intégrons quelques suggestions utiles de l’éditeur, nous rejetons les autres, oiseuses ou nocives. Nous discutons des façons d’utiliser cette publication pour stimuler la critique du transhumanisme (réunions publiques, etc.).

Que croyez-vous qu’il arriva ?

Au moment ultime, après les corrections de ponctuation, notes en bas de page, etc., alors que le Manifeste des Chimpanzés du futur était prêt pour l’imprimerie et annoncé sur les sites des librairies, notre éditeur nous cribla soudain d’un feu croissant d’exigences – coupes, réécritures – plus ineptes et insolentes les unes que les autres.
Il ne fallait pas employer des mots comme « veulerie » ou « sainte-nitouche » par exemple. Pas plus sans doute qu’il ne faut parler de corde dans la maison du pendu.
Il ne fallait pas employer un langage « désuet », « à la Brassens », mais la novlangue de la police post-humaniste, afin de proscrire les crimes de pensée.
Il ne fallait pas évoquer les « traîtres à l’espèce », les « nuisibles », ni « les rats qui fuient le navire », il ne fallait pas employer de termes péjoratifs (!) ni « animaliser les gens », « parce qu’on sait où ça mène ». – Eh quoi ? Fallait-il donc les « végétaliser » ? (Patate ! Navet ! Grosse courge !), ou les « chosifier » ? (Robot ! Serpillière ! Manche à balai !) ? Et nous dire ça à nous ! Animaux politiques et chimpanzés revendiqués !
Il ne fallait pas froisser tel potentat universitaire, fort susceptible, et capable de rétorsions contre le directeur de collection. Ni tel auteur maison, supposément prestigieux et lucratif pour Le Seuil. Enfin, il ne fallait pas nommer les personnes qui nous attaquent, qui attaquent l’humain et les défenseurs de l’humain, mais seulement « leurs idées ».

Pour notre éditeur, voyez-vous (mais aussi pour ses pareils), les idées tombent du ciel et se promènent seules dans les rues sur leurs pattes, à l’affût des proies qu’elles assaillent.
L’écueil est qu’étant radicaux – et non pas extrémistes – nous argumentons souvent ad hominem. Marx en a donné la raison : « La théorie est capable de saisir les masses, dès qu’elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominem dès qu’elle devient radicale. Être radical, c’est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l’homme, c’est l’homme lui-même. » (cf. Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel. Karl Marx, dans Philosophie, Maximilien Rubel, Ed. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 99)

Ça tombe bien, justement nous défendons l’homme contre les inhumains.

Ainsi fûmes-nous contraints, le 24 juillet dernier, d’envoyer à Olivier Bétourné, PDG du Seuil, la lettre suivante.

« Monsieur,

Votre collaborateur, Christophe Bonneuil, nous a fait part des alarmes et des oppositions que suscitait dans votre maison, la publication de notre Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme.
Nous avons consenti par esprit de conciliation à supprimer certaines pointes et à reformuler certaines phrases, tant que le sens de notre critique n’était ni émoussé ni dénaturé.
Notre projet n’est pas publicitaire. Il ne vise pas la promotion de l’enseigne Pièces et main d’œuvre, mais l’expression d’une résistance irréductible à l’avènement d’une espèce supérieure de cybernanthropes « augmentés », asservissant et/ou éliminant l’humanité commune considérée comme une sous-espèce de « chimpanzés du futur », selon le mot d’un scientifique « transhumaniste ».
Notre discours et notre signature sont connus. Il serait insensé de vouloir l’une sans l’autre. Après des garanties de liberté répétées, des éloges considérables de notre action et des divers états de l’ouvrage en cours ; après huit mois de dur labeur de notre part ; M. Bonneuil, se faisant, dit-il, le porte-parole de « sa chef », « du patron du Seuil », « du Seuil » (et aussi un peu de lui-même), nous soumet au dernier moment à un feu croissant de censures et d’exigences de modifications qui en disent parfois plus long sur leurs auteurs que sur notre discours. Que ces falsifications se parent d’excuses juridiques, rhétoriques ou mondaines. Elles peuvent se lire en marge des deux dernières versions électroniques de notre ouvrage que nous avons reçues.
Nous ne sommes pas des singes si stupides que nous ne sachions reconnaître un ultimatum, même voilé. Et nous ne sommes pas si éprouvés par ces mois et ces années d’activité critique qu’on puisse espérer nous faire céder de guerre lasse.
Dans ses messages du 21 et 23 juillet 2017, et dans notre dernière conversation téléphonique, M. Bonneuil ne nous a pas caché l’hostilité que rencontrait notre Manifeste chez certains de vos collaborateurs, ni l’ampleur de ses efforts pour éviter tout « blocage » ou « rupture » de la part du Seuil.
C’est-à-dire qu’il y a blocage et rupture, et tout d’abord du contrat moral que nous avions passé en novembre 2016 avec M. Bonneuil. De son propre aveu, il « n’avait pas véritablement anticipé, il y a quelques mois, qu’il se retrouverait effectivement à nous demander des modifications ». Disons qu’il a eu les yeux plus gros que le ventre et n’en parlons plus. (…) »

C’était il y a un mois.
Ce mois, nous l’avons employé à finir la fabrication de notre Manifeste et à lui trouver un imprimeur.
Nous le publions nous-mêmes.
Nous le diffusons nous-mêmes.
Nous le défendrons nous-mêmes.

Le transhumanisme est à la fois l’idéologie de la technocratie et le stade actuel du capitalisme, de la croissance, de l’industrialisme et de l’artificialisation.
Nombre d’amis nous ont demandé à maintes reprises « ce qu’ils pouvaient faire pour nous soutenir ». Que si vous voulez répandre la critique radicale du transhumanisme, lisez et faites lire le Manifeste des Chimpanzés du futur.
Achetez-le, vendez-le, offrez-le.
Organisez des débats, avec ou sans nous.
Formez partout des groupes de Chimpanzés du futur.
Surveillez les médias et les activités transhumanistes et alertez les humains.
Contestez partout et par tous les moyens de la critique (textes, films, dessins, actions, etc.), les manifestations ouvertes et occultes du transhumanisme, dans les médias, les universités, les milieux professionnels, politiques, associatifs, artistiques, culturels, etc.

Pour rester libres et humains, vidons les laboratoires !
Le temps perdu pour la recherche est du temps gagné pour l’humanité !

*** couv

Si vous souhaitez organiser un débat avec Pièces et main d’œuvre, vous pouvez nous envoyer un mail à contact.pmo(at)free.fr

Si vous souhaitez acheter le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (Éditions Service compris,
348 pages ; 14×20 cm ; ISBN 979-10-94229-99-6) :

Envoyez un chèque de 20 € pour 1 exemplaire (port compris), à l’ordre de :

Service compris
BP. 27
38 172 Seyssinet-Pariset cedex

Si vous souhaitez vendre le Manifeste des Chimpanzés du futur, contactez-nous pour régler les conditions pratiques.

Merci de faire circuler,

Pièces et main d’œuvre
Grenoble, le 27 août 2017