Le Jean-Gabriel illustré

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par Anonyme.

L’auteur de ce texte veut rester anonyme. Il s’en explique ci-dessous.

Voici en attendant quelques éléments sur le personnage dont il est ici question.

Ganascia (Jean-Gabriel) est une sorte de Besnier (Jean-Michel), et vice-versa. Il est normal que vous ne les connaissiez pas ; ils n’ont rien fait d’autre que de besogneuses carrières dans la filière universitaire. L’un (Jean-Michel. 1950-…), dans la philosophie d’accompagnement notamment à l’Université technologique de Compiègne. L’autre (Jean-Gabriel. 1955-…) dans cette même philosophie d’accompagnement et en informatique, à l’université Pierre et Marie Curie (Sorbonne) et dans des laboratoires de sciences cognitives.

Passons sur les innombrables postes et titres. Tous deux sont en outre des tiques à comités – à comités d’éthique. Jean-Michel s’étant incrusté dans ceux de l’Inria, de l’Ifremer et du CNRS (le Comets) ; quand Jean-Gabriel se contentait de présider ce même comité d’éthique du CNRS. Si ces deux robinets à vacuités ont malgré tout attiré notre attention, c’est que Le Monde, France Culture et d’autres médias les ont érigés en arbitres du juste milieu et de l’exactitude dans deux domaines où nous avons porté la critique radicale : le transhumanisme et « l‘intelligence artificielle » (= le calcul machine).
On connaît les écoulements de cette critique d’accompagnement : « pas de catastrophisme. On n’en est pas là. Il ne s’agit que de bluff technologique. Les objectifs annoncés sont irréalisables. Il ne s’agit que de hype, « d’économie de la promesse ». Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, la technologie/l’intelligence artificielle peut nous aider à résoudre nos problèmes, etc. »
Il ne s’agit évidemment que de gagner du temps et de faire en sorte que les incessantes innovations technologiques ne soient pas contestées à temps. Et c’est le temps qui révèle la fausseté de cette pseudo-critique quand elle jette le masque et nargue les naïfs et les passéistes : « On n’en est plus là. On ne va pas revenir en arrière ni désinventer l’informatique ou la procréatique. » Lisez donc L’autre futur, l’un de ces ouvrages de fausse mise en garde, publié en 1989 par Pierre Drouin (Fayard), alors responsable du service économique du Monde :
« Nous pouvons connaître un autre futur, où l’avancée technique ne serait pas linéaire et ne se parerait pas des attributs malsains de la fatalité. Elle devra, pour cela, s’inscrire dans des limites – sans doute variables avec l’évolution des mentalités – que la société a déjà commencé de tracer grâce à la reconstruction d’une éthique pour notre temps. »

Savourons le concept de « limites variables ». Et de fait, aucune de celles évoquées par Drouin en génétique, biotechnologie, cybernétique, etc., n’a résisté à « l’évolution des mentalités ». Rions jaune.
C’est ce que nous ferons en lisant « Le Jean-Gabriel illustré », étude désopilante sur le ganascisme due à une intelligence humaine et amie – quoiqu’anonyme. Interrogée sur les raisons de cette absence de signature, celle-ci nous a répondu par « un échantillon sans ordre d’importance » :

« Je pense comme Socrate qu’il faut se connaître soi-même. Dans une certaine mesure, c’est probablement un bien en soi. Je pense comme Sun Tzu, que, dans la guerre, il faut connaître son ennemi comme soi-même. C’est un bien de circonstance. Evidemment, il faut au préalable avoir fait la différence entre ami et ennemi, mais la tradition enseigne qu’il n’y a que dans l’épreuve qu’on peut y parvenir.
Je pense pour ma part que le meilleur corollaire qu’on puisse trouver à tout ça, c’est qu’il faut frapper l’adversaire sans lui permettre de faire le lien avec celui qui le frappe.
Un texte a besoin d’un titre, il a besoin d’un auteur, mais en la circonstance, je pense qu’il n’a pas besoin d’un nom, même celui que je vous ai donné. Au contraire, s’il est touché là où il faut, Ganascia fera peut-être de lui-même don d’un nom qui convienne. »

On verra bien.

Guy Deniélou, l’inventeur du « règne machinal »

(ou l’histoire d’une mutation forcée)

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par Pièces et main d’œuvre.

Toujours en librairie : Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). Voir ici

Nous avons extrait des mailles du réseau des archives exceptionnelles. Du moins pour nous qui avons publié en septembre 2021 un livre intitulé Le règne machinal , et qui pensions avoir créé cette « expression bien venue », comme dit Le Monde. Erreur. L’auteur – en attendant qu’on en découvre d’autres, encore antérieurs, est un certain Guy Deniélou (1923-2008).
Coïncidence, si l’on veut : ce Deniélou a participé à la création du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble, avant de diriger l’Université de technologie de Compiègne, usine à technocrates de dernière génération.

Autre découverte : le rapport de prospective Réflexions pour 1985 qui planifie en 1964 « l’élimination » (sic) des secteurs désuets et obsolètes, anticipe leur résistance et promeut la modification des « mentalités ». En s’appuyant notamment sur une université adaptée, et une philosophie d’accompagnement, telle que celle de Gilbert Simondon.

Bref, la technocratie n’a pas seulement façonné le règne machinal. Elle a également ajusté ses rouages, c’est-à-dire adapté les humains à ce nouveau technotope, avec le cynisme et la détermination de ceux qui peuvent ce qu’ils veulent. C’est cette histoire que nous avons exhumée et retracée dans cette enquête.

Merci à Fred Deloise pour l’aide documentaire.

Le doigt, la lune et les imbéciles

(Stéphane François, Stéphanie Roza, Philippe Corcuff et alii)

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par Pièces et main d’œuvre

Quand le doigt montre la lune, chacun sait que l’imbécile regarde le doigt. Et si on regardait l’imbécile ? Rien de mieux à faire pour occuper un dimanche pluvieux.
Avis aux étudiants en « sciences humaines et sociales », aux apprentis-chercheurs et aux autodidactes impressionnés par les diplômes : ce regard peut gâcher vos illusions.

Devons-nous arrêter la recherche ?

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par François Graner.

François Graner, chercheur et biophysicien, fait partie de ces scientifiques et universitaires avec qui nous avons des échanges amicaux, quoique sporadiques, depuis de nombreuses années, et tout d’abord sur la critique de la science. C’est ainsi qu’en 2011, co-lauréat d’un prix Art & Science organisé par Minatec et le CEA de Grenoble, il avait généreusement distrait 2000 € de sa récompense, afin de financer Pièces et main d’œuvre, poussant la conscience jusqu’à s’en expliquer sur notre site (ici et ).

« Le problème, disions-nous alors, c’est que François Graner souffre de « dissonance cognitive ». C’est l’expression scientifique et contemporaine de ce qu’on nommait jadis « troubles de conscience » et encore avant « états d’âme ». » L’âme et la conscience ayant disparu avec la religion et la politique, reste la science – qui est « neutre », comme le savent tous les imbéciles – et donc, « tout dépend de l’usage qu’on en fait ».
La plupart des scientifiques, bien sûr, ont une conscience « sociale » ou « citoyenne », et nombre d’entre eux sont prêts à s’engager pour le bien et contre le mal, pourvu que cela ne nuise pas à leur activité professionnelle, en particulier à leur discipline, ni au bien-fondé de l’institution scientifique, de sa domination sociale, de leur domination sociale.
Certains iront jusqu’à blâmer certaines applications militaires ou marchandes de leurs recherches, des dévoiements, des « dysfonctionnements », à condition que leur position au sein de leur corporation, de leur corporation au sein de la classe technocratique, et de la classe technocratique au sommet de la société, ne soit pas sapée. Bonne conscience, fausse conscience.

Parmi les raisons que François Graner avait de partager son prix avec nous, figurait le désir de nous aider « à diffuser une réflexion sur le sujet ». Nous n’avons rien fait d’autre depuis dix ans, ce qui nous a conduit en cette Année du Virus à nous interroger, un peu avant tout le monde, sur la possibilité d’une fuite de laboratoire, et de manipulations génétiques ayant peut-être doté ce virus de « gains de fonction » (voir Le règne machinal. La crise sanitaire et au-delà).
François Graner, de son côté, fait partie d’un petit groupe de scientifiques dont les alertes et les questions ont contribué à convaincre Le Journal du CNRS, The Lancet, Le Monde, Le Wall Street Journal, l’OMS, puis toutes les girouettes médiatiques, qu’il fallait se demander s’il y avait quelque chose de pourri dans l’origine de ce virus. Pourri à quel point, c’est ce que nous ne cessons de découvrir, tout en sachant que les suspects ont détruit toutes les traces matérielles qui auraient permis l’aboutissement de l’enquête.

Forcément, François et nous, nous sommes retrouvés autour d’un déjeuner en terrasse, fin mai, entre un confinement et le passe numérique, pour examiner où en étaient les rapports de la science et de la conscience, et nous lui avons posé la question qu’Alexandre Grothendieck, médaille Field de mathématique 1966, avait posée à la corporation scientifique en 1972 : « Allons-nous continuer à faire de la recherche scientifique ? », et aussi : « Pourquoi faisons-nous de la recherche scientifique ? A quoi sert socialement la recherche scientifique ? » (voir ici).

Questions restées sans réponse de la part des collègues de Grothendieck, de ses amis du groupe Survivre et Vivre et de toute la corporation scientifique depuis, celui-ci n’obtenant en retour que silence, déni et dérobades, sinon un franc dédain. C’est que dans le monde résultant de deux siècles de révolution scientifique et techno-industrielle, le renoncement à la science équivaudrait à un désarmement unilatéral – d’un pays, d’une entreprise, vis-à-vis de tous leurs rivaux. Un suicide, une reddition. Quant aux membres des pays et des classes « avancées », ils y perdraient une bonne part de ce « progrès », de ce confort quotidien, de cette facilité de vie, acquis avec cette révolution – science, puissance, puiscience. Que la rançon de ce progrès se paye d’un effondrement écologique global et – selon nos maîtres et bienfaiteurs scientifiques – d’un possible suicide collectif, c’est ce que nous savons tous à peu près depuis 50 ans. Mais ce que la science a défait, elle peut le refaire, non ? Ou du moins peut-elle nous adapter, produire un homme-machine encastré dans un monde-machine, comme l’ont décidé nos maîtres et dirigeants, afin de continuer à fonctionner sous un état d’urgence perpétuel et définitif.

François Graner a travaillé tout l’été sur cette question : « Devons-nous arrêter la recherche ? » Il est scientifique et il l’a fait dans le langage et suivant les règles rigoureusement prudentes de la démarche scientifique. Accumulation de faits, multiplication d’arguments, de contre-arguments et d’hypothèses, concision des conclusions. Il retrace dans la première partie de son texte « les manquements des scientifiques » durant cette crise du Covid, « et analyse les liens entre ces manquements et le fonctionnement actuel de la recherche. » La seconde partie « engage une réflexion plus générale, axée sur les leçons à tirer en ce qui concerne la recherche scientifique dans son ensemble : son utilité pour la société, ses dangers, ses régulations, et son futur. »

Conclusion : « Il nous faut d’urgence déterminer et imposer un cadre de valeurs permettant d’anticiper et de trier à la fois les pistes de recherches et leurs applications, pour en réfréner toute la démesure, en couper tous les liens non seulement avec la guerre des humains entre eux, mais aussi avec la guerre des humains contre le vivant ; et engager l’humanité vers la diminution consentie de l’effort global de recherche et des inégalités.
En sommes-nous capables ? Si non, la question lucide de Grothendieck se pose sérieusement : devons-nous arrêter de faire de la recherche scientifique ? »

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Nous publions également une version en anglais, traduite par des chercheurs américains – en fait par leurs logiciels de traduction automatique :

Mutation (ce que signifie « accélérer »)

Nécrotechnologies.

par Pièces et main d’oeuvre.

Sans conteste, l’accélération est le maître mot de l’année qui vient de s’écouler. On en trouvera ici nombre d’occurrences, les plus variées qui soient, que nous avons relevées dans les domaines économique, technologique et scientifique, employées en substitut ou en renfort à celui d’innovation. Par exemple, l’accélération de l’innovation. On reconnaît là des mots de la crise à laquelle il faut s’adapter d’urgence – d’où l’accélération – ou périr.

Assurément aucun État n’a planifié l’épidémie, sous-produit pervers de la société industrielle, et subie depuis un an par leurs populations ; mais tous les États planifient des scénarios de crise afin de faire face aux éventualités soudaines, brèves ou durables. Et tous ont appris à saisir l’occasion que leur offrait la crise – l’épidémie – pour accélérer des tendances – comprenez des plans, des projets, des entreprises, mûris et engagés de longue date dans leurs think tanks, leurs services administratifs, leurs forums, colloques, réunions interministérielles ou inter-gouvernementales, etc.

C’est ainsi qu’à l’occasion d’une crise, une certaine quantité d’accélération entraîne un saut qualitatif et une mutation. On connaît la théorie, quant à l’application pratique, nous la subissons depuis un an. Bien des gens se sont demandé pourquoi « la grippe de Hong-Kong » qui avait fait 31 000 morts dans une France de 50,8 millions d’habitants entre 1968 et 1970 était passée presqu’inaperçue (68 ? Voir mai. 69 ? Année érotique. 70 ? Bal tragique à Colombey) ; alors que le Covid-19 dont le bilan s’établit à 84 000 morts au bout d’un an, dans une France de 67,4 millions d’habitants obsède et sature notre attention, assujettit notre vie quotidienne et transforme nos sociétés de façon brutale et irréversible – précisément dans le sens souhaité par la technocratie dirigeante.
Pourquoi ce bourrage de crâne qui nous gave de Covid, matin, midi et soir, à l’exclusion souvent de toute autre actualité. Pourquoi les mass media se concentrent à ce point sur un fléau somme toute mineur – voyez la liste de tous les ravages bien pires, sanitaires ou autres (ainsi la seule pollution de l’air a tué près de 500 000 nouveaux nés en 2019 ). Pourquoi marteler, répandre, grossir, détailler à ce point la panique Covid et chacune de ses péripéties ? Pourquoi en faire l’un des quatre cavaliers de l’apocalypse ? Qu’est-ce que cet « effet spécial » sinon un leurre, un nuage de fumée, une opération de diversion destinée à hypnotiser les foules afin de procéder à l’abri des regards et en distanciel, à la transformation réelle des choses.

Pense-t-on qu’en un demi-siècle l’État (Macron, Édouard Philippe, Bruno Le Maire) soit devenu si soucieux de notre santé qu’il n’hésite pas à « suspendre l’économie » – et d’ailleurs tout le pays – quand ses anciens maîtres (de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing) se montraient d’une cruauté implacable envers la chair à machine ? D’où une interrogation immédiate, « l’économie » est-elle vraiment « suspendue » ou, au contraire, en suractivité, afin de forcer le passage au numérique et aux technologies convergentes (Nano-Bio-Info-Neuro, IA, etc.), cependant que nul ne peut s’y opposer.

Cela signifie que passées la sidération initiale et la contrariété de la technocratie étatique devant cette « grippette » venue troubler la routine de ses plans de développement techno-industriel, celle-ci a retourné le problème en solution et dramatisé la gravité de l’épidémie afin de maximiser les avantages qu’elle pouvait en tirer. Merveilleuse aubaine que ce virus qui remet le gouvernement du pays entre les mains d’un conseil de défense – un groupe de ministres, de fonctionnaires et d’officiers désignés par Macron, dont les réunions hebdomadaires sont classées « secret défense » – et d’un état d’urgence en voie de chronicisation depuis les attentats islamistes ; qui vide les rues, les villes, les routes ; qui assigne la population à domicile et sous couvre-feu ; qui interdit et traque toute vie sociale ; qui suspend les libertés de réunion et de circulation ; qui ferme les lieux et barre les routes où ces libertés s’exerçaient ; qui étouffe tout débat hors des « filets sociaux » (rets, réseaux, toile, etc.), laissant ainsi toute liberté au pouvoir, et nulle opposition, pour imposer d’un coup ce qu’il voulait obtenir à la longue.

Cette vitesse est une violence qu’on nous fait sous prétexte d’urgence, afin de procéder d’un bond, d’une rupture, à la mutation forcée de notre société, de nos vies, de nos personnes. Cette mutation peut se résumer en un mot : numérisation, et ce mot en deux points : machination et virtualisation. La technocratie, en effet, ne peut accroître sa puissance sans en révolutionner constamment les moyens et donc l’ensemble des rapports sociaux. Et ainsi tout ce que vivions en présentiel est éloigné en visions illusoires par l’autorité qui peut à tout moment en interrompre les flux ou en falsifier les images.

Voici un état détaillé de cette année de mutation.

Pour lire sur papier nos textes sur le coronavirus, demander les Pièces détachées n°92 & 92’ : envoyer un chèque de 8 euros à l’ordre de Service compris :
Service Compris – BP 27 – 38172 Seyssinet-Pariset cedex

5G : avis aux opposants sur les luttes de pouvoir au sein du parti technologiste

Nécrotechnologies

par Pièces et main d’œuvre.

Depuis quelques semaines, tous les courants technologistes – libéraux, socialos, écolos – tentent de tirer parti d’un sujet qu’ils avaient jusqu’ici méprisé : la critique de la 5G. La mise en scène d’un pseudo clivage entre « progressistes » et « Amish » n’ayant d’autre objet que la valorisation mutuelle des factions en lutte pour le pouvoir au sein du parti technologiste.
Qui des ingénieurs EELV, des saint-simoniens macroniens ou des saint-simoniens communistes, programmera les algorithmes de la « transition écologique » et de la « Machine à gouverner » ?

S’ils ont tiré les leçons des échecs précédents, les opposants sincères à la 5G et à la déshumanisation refuseront de brader leur légitimité « historique » et « de terrain » à leurs ennemis technologistes, contre un plat de lentilles médiatique. Les écolo-socialistes, rouges-verts, les Piolle & Ruffin si vous voulez, y gagneraient la direction publicitaire et flatteuse d’un mouvement qu’ils dévoieraient vers les sables mouvants des « moratoires » et des « conférences citoyennes », en attendant de les rabattre vers les urnes aux prochaines élections.
Quel intérêt auraient ceux qui tirent à la fois leurs carrières, leur légitimité et leurs postes du système technicien à poser en termes véridiques la question de sa survie ?

Pour lire le texte intégral :

Charbonneau contre l’Etat totalitaire (entretien avec Jean Bernard-Maugiron)

Documents

par Pièces et main d’œuvre.

Les éditions R&N viennent de publier le livre majeur et maudit de Bernard Charbonneau, L’Etat (550 p., 30 €, préface de Daniel Cérézuelle), écrit entre 1943 et 1949, et ayant subi à peu près toutes les avanies que peut subir un chef-d’œuvre méconnu – sauf la disparition définitive.
Jean Bernard-Maugiron, animateur du site La Grande Mue, à qui l’on doit cette parution, présente cet ouvrage et son auteur dans notre entretien à lire ci-après.

Il faut dire que Charbonneau (1910-1996) n’a pas de chance. Parce que son nom compte trois syllabes, on dit toujours « Ellul & Charbonneau », alors que son ami de toute une vie a toujours proclamé sa dette et son admiration envers son génie.
Ce n’est d’ailleurs pas de chance pour nos deux libertaires gascons, apôtres du « sentiment de la nature, force révolutionnaire » (Charbonneau, 1934), que d’entamer leur trajectoire critique au moment où leur aîné, Jean Giono, auteur culte du « retour à la terre », multiplie entre 1929 et 1939 les ouvrages anarcho-pacifistes et anti-industriels. Mais quoi, sans Chateaubriand, pas de Victor Hugo.
La suite, la Seconde Guerre mondiale qui débute avec des charges de cavalerie et se termine par des bombardements atomiques, l’avènement de la machine à gouverner cybernétique, l’expansion économique et la destruction de la nature, relève de notre malheur commun.

Ce qui est singulier, c’est l’irréductible détermination de Charbonneau à vivre contre son temps, petit prof binoclard réfugié dans son coin de campagne, et à nous envoyer coûte que coûte ses messages, qui nous arrivent peu à peu avec un demi-siècle de retard. Circulaires à la machine à écrire photocopiées, auto-éditions invendables, éditions invendues, chroniques dans la presse écologique et de plus en plus, maintenant qu’il est mort depuis 24 ans, de vrais livres chez de vrais éditeurs.

Le temps de Charbonneau est venu. Trop tard évidemment. Si une partie du public écologiste et anti-industriel le lit désormais, c’est que sa lucidité enragée et solitaire n’a pu empêcher, ne pouvait empêcher, cette destruction conjointe de la nature et de la liberté que nous subissons maintenant. Quand une pandémie issue du ravage des forêts autorise la Machine étatique à traquer ses machins citoyens par des moyens électroniques, et à les reclure à domicile, chacun peut voir où va le monde. Reste à comprendre comment cela est arrivé, et à démonter avec Charbonneau les ressorts de l’Etat totalitaire.

Le virus de la contrainte

Nécrotechnologies

par Pièces et main d’œuvre.

Voici nos derniers rapports sur les événements en cours (à ouvrir ci-dessous). D’abord, une analyse théorique de la société de contrainte, puis une illustration d’actualité à partir de l’état d’urgence sanitaire et de la mise en place de la traque électronique.

Il se dit beaucoup ces jours-ci que la première victime d’une guerre – y compris d’une guerre sanitaire -, c’est la vérité (merci Kipling). Aussi, nous en apprenons chaque jour davantage sur les opérations du Virus.
En janvier, nous avions pitié des Chinois incarcérés par leur technocratie et traqués par des moyens technologiques. En avril, nous sommes tous chinois.
Gouverner, c’est mentir.
Gouverner, c’est contraindre.
Et ce qui nous est communiqué par la Voix des Ondes derrière le masque du Virus, ce sont les ordres de nos experts, scientifiques et technocrates.

L’épidémie, la vraie, c’est la peste numérique dont les puces électroniques sont le vecteur, et qui saisit l’occasion pour nous réduire à l’état de numéros esclaves. De machins dans la machine. Le virus, le vrai, c’est celui de la contrainte technologique, qui trouve un terrain d’autant plus favorable dans le désir de prise en charge de ceux à qui la liberté pèse trop lourd.

Il se dit aussi que les zéros sociaux murmurent sur les « réseaux sociaux » : ce sera pire après.
Ce n’est pas de manière virtuelle que les zéros sociaux, physiquement dispersés par l’urgence sanitaire, peuvent résister à la contamination numérique.
Ce n’est pas sur les réseaux sociaux qu’un peuple physiquement dispersé par l’épidémie d’autorité peut résister au coup d’Etat permanent de la technocratie dirigeante.

Numéros zéros ! il ne tient qu’à vous de briser vos chaînes numériques. Fuyez les « réseaux sociaux », jetez vos smartphones, refusez le puçage électronique (notamment les compteurs Linky), boycottez Amazon et la consommation virtuelle !

1) Ville-machine et société de contrainte

2) Le virus de la contrainte

Lire aussi :

Leurs virus, nos morts

Les idées, disons-nous depuis des lustres, sont épidémiques. Elles circulent de tête en tête plus vite que l’électricité. Une idée qui s’empare des têtes devient une force matérielle, telle l’eau qui active la roue du moulin. Il est urgent pour nous, Chimpanzés du futur, écologistes, c’est-à-dire anti-industriels et ennemis de la machination, de renforcer la charge virale de quelques idées mises en circulation ces deux dernières décennies. Pour servir à ce que pourra.

Pour lire la suite : Leurs virus, nos morts

Du « transidentitaire » à l’enfant-machine : entretien avec Fabien Ollier

A l’occasion de la parution de son livre, L’Homme artefact. Indistinction des sexes et fabrique des enfants (Editions QS ?) voici un entretien avec Fabien Ollier, précédé de rappels et considérations sur le sujet.

Fabien Ollier publie des ouvrages de critique de l’idéologie sportive (entre autres) depuis 20 ans. Il dirige les éditions Quel Sport ? et suit de près toutes les métamorphoses du corps-marché à l’ère technologique.

Ouvrir le document :  Entretien avec Fabien Ollier

Lire aussi : Retour ligne manuel
- Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme, Pièces et main d’oeuvre (Editions Service compris, 2017) ; Retour ligne manuel
- Reproduction artificielle « pour toutes » : le stade infantile du transhumanisme Retour ligne manuel
- Ceci n’est pas une femme (à propos des tordus « queer ») Retour ligne manuel
- La reproduction artificielle de l’humain